Pictogrammes tactiles

Les pictogrammes tactiles tels qu'ils sont présentés sur cette page internet sont issus d'un long travail développé par l'équipe du Foyer d'accueil médicalisé de Beaubois, et en particulier par Catherine Rabreau, instructrice en AVJ et formatrice FISAF. Nous avons eu la chance de suivre en février 2019 une formation de deux jours, pendant laquelle nous avons commencé avec elle un travail exploratoire pour adapter cet outil à l'accompagnement des jeunes porteurs de la maladie de Batten.

Les pictogrammes en quelques mots

Les pictogrammes ne sont pas :

Un pictogramme tactile représente de manière abstraite un concept, et doit permettre une reconnaissance tactile la plus efficace possible : rapidité de la reconnaissance, et bonne discrimination entre les pictogrammes.

Les pictogrammes sont dessinés en traits noirs sur du papier ZY-Tex, qui une fois passé au four mettra en relief les parties dessinées en noir. On appelle cette technique le thermogonflage.

Dessin en noir et blanc d'une main ouverte. En bas à droite de l'image, un point noir.
Pictogramme attendre
Dessin en noir et blanc d'un bras tendu de gauche à droite. Le bras est couvert d'une manche noire. La main est fermée, seul un pouce est pointé vers le haut. Une flèche horizontale pointant vers la droite est placée au dessus de la main.
Pictogramme accompagner
Dessin en noir et blanc. Rectangle dessiné en traits noirs. Le trait supérieur est deux fois plus épais que les trois autres traits.
Pictogramme confiture

Afin de faciliter la lecture des pictogrammes, un point noir est toujours représenté en bas à droite du dessin en noir et blanc. Les pictogrammes sont dessinés sur des carrés de 4 cm de côté.

Utilisation des pictogrammes

Les pictogrammes sont utilisés comme un mot, soit pour évoquer une idée unique, soit pour construire un enchaînement logique équivalent à une phrase.

Au foyer de Beaubois, les pictogrammes sont à la fois disponibles en numérique pour les usagers et professionnels qui les manipulent par copier/coller, et dans un dictionnaire papier (fabriqué à partir d'un album de timbres), où l'on peut emprunter temporairement un pictogramme. Les usagers ont également à leur disposition des boîtes, dans lesquelles ils rangent une copie de leurs propres pictogrammes, parfois rangés par catégories.

Les pictogrammes permettent par exemple de :

Pour ces différents usages, on peut facilement placer sur une feuille une succession de pictogrammes issue du dictionnaire, puis la photocopier. En utilisant une photocopieuse laser, la mise en relief de la copie se fait alors très facilement.

Conception des pictogrammes

Quand on conçoit un pictogramme, on doit réfléchir à son usage : soit il sera personnalisé à un usager, pour faciliter sa compréhension, soit il sera pensé de manière générale, pour que tout le monde puisse se l'approprier. De l'expérience de Catherine Rabreau, la généralisation est intéressante, mais laisse parfois de côté des usagers qui n'ont pas la même capacité tactile ou cognitive.

Il est essentiel de réaliser les dessins en respectant les normes de perception tactile, notamment étudiées par Michel Briss. On trouve sur internet de bons documents reprenant les conclusions de ces études.

Dans les pratiques de Catherine Rabreau et de son équipe, on note l'importance de ne pas laisser des détails inutiles, ou encore l'utilisation de formes génériques. Ainsi, tous les pictogrammes représentant des personnes (par exemple les membres de la famille de l'enfant) seront construites à partir d'une même forme, laquelle sera distincte de la forme utilisée pour construire les pictogrammes représentant des personnes dans leur fonction (par exemple un médecin).

Forme évoquant un blason: rectangle dont le trait du bas a été arrondi jusqu'à former un cercle.
Pictogramme générique fonction
«smiley»: cercle entourant deux petits cercles pour les yeux, et un trait courbe pour une bouche souriante.
Pictogramme générique personne

Catherine Rabreau dispose de près de 300 pictogrammes différents. Tous les utilisateurs ne maîtrisent pas l'ensemble des pictogrammes, cela dépend de leurs besoins, de leurs capacités tactiles et cognitives.

Apprentissage des pictogrammes

Dans les pratiques du Foyer d'accueil médicalisé de Beaubois, les pictogrammes n'ont quasiment jamais fait l'objet d'un apprentissage dédié. C'est leur utilisation dans le quotidien, quand l'enfant en a besoin, qui est pratiquée, à la manière de la modélisation évoquée dans les outils de la communication alternative augmentée.

Sur un carton carré, est fixée dans la partie basse une cuillière en métal. La partie haute est séparée en deux. À gauche, photo des couverts/assiette/verre dressée pour un repas. À droite, un pictogramme reprenant couteau assiette et fourchette, surmonté du mot « repas ».
POP représentant le repas.

Les équipes utilisent également pour les personnes voyantes un outil intitulé POP, pour photo - objet de référence - pictogramme, que l'on peut décliner en objet miniature - objet de référence - pictogramme pour aider les apprenants à s'éloigner petit à petit des représentations figuratives, et ainsi gagner en abstraction.

Les équipes font également très attention à la manière dont les apprenants touchent les objets, afin de leur présenter de la manière la plus facilitante.

Des activités ludiques ont été développées pour faciliter la découverte et l'appropriation des pictogrammes tactiles (exemple du loto-picto).

Pictogrammes à l'usage des porteurs d'une CLN

Pendant la formation proposée par Catherine Rabreau, nous avons travaillé à la manière d'adapter l'utilisation des pictogrammes tactiles pour un enfant porteur de la CLN3. Dans ce contexte, l'introduction des pictogrammes tactiles est imaginée comme un outil qui viendra progressivement étayer puis remplacer une élocution défaillante.

Les enfants atteints de CLN3 ont déjà vu, et ont pour la plupart d'entre eux une scolarisation classique jusqu'au début du primaire. En considérant que l'on introduit ces pictogrammes dans leur quotidien à un moment où l'expression orale est encore partiellement présente, on peut donc imaginer que l'enfant communique avec les personnes qui l'entourent, ce qui facilitera la découverte des pictogrammes. De plus, les capacités cognitives ne semblent pas constituer un défi pour l'appropriation de cette nouvelle représentation.

Les équipes de Catherine Rabreau utilisent les pictogrammes essentiellement avec des gens qui n'ont pas accès à une communication verbale fluide. Les pictogrammes constituent donc souvent un apprentissage long et difficile, en partant des représentation figuratives (objets miniature) pour atteindre les pictogrammes. Dans le cadre de l'accompagnement d'un enfant atteint de CLN, on peut penser que le cheminement sera inverse : transmettre rapidement le pictogramme, consolider son usage dans le quotidien. Quand la motricité ou la cognition deviendra plus complexe pour le jeune, on pourra introduire un objet de référence ou un objet miniature, à la manière des symboles tactiles présentés par Merete Staureby dans les outils de communication non verbaux.

Pendant la formation, on a également discuté de l'idée d'avoir un moyen graphique d'identifier différentes catégories abstraites de pictogrammes (personne vs fonction vs sentiment vs lieu...), en utilisant ne découpant pas les pictogrammes uniquement en rectangle, mais en choisissant une forme par catégorie. On a également discuté de l'idée d'en fabriquer par usinage dans du bois, ou par impression 3D, afin d'en avoir une version plus durable.

Développement de pictogrammes

Depuis cette formation, nous avons commencé à développer des pictogrammes dédiés à une jeune fille atteinte de CLN3.

Sur une table, quelques pictogrammes carrés, manipulés par une utilisatrice.
Pictogrammes originaux.

Ces pictogrammes ont été à l'origine du développement de l'application Pictoparle, dont on peut suivre le développement sur site internet. Ci-dessous l'interface du prototype en cours de conception :

Pour aller plus loin